lundi 21 juillet 2008

L'organisation des fêtes du 400e de Québec!


Les organisateurs des fêtes du 400e de Québec ont réussi quelques coups d’éclat mais l’événement, qui a débuté officiellement en janvier dernier, a aussi connu sa part d'échecs et de discorde.
Les fêtes du 400e me font penser à une fête de mariage à laquelle avaient assisté, il y a une dizaine d'années, plus de 200 « people » provenant de tout le Québec Inc. La journée promettait mais ça s’est gâté dès le samedi matin avec une suite de problèmes. D’abord il pleuvait à boire debout, la tente pour les invités laissait passer la pluie (c'était une commandite offerte gratuitement...) et finalement mauvaise fortune totale, le plancher s’est écroulé et la table des boissons s’est fracassée sur un rocher qui était tout près en bordure de l’installation. Imaginez les invitésVIP sous la pluie et dans la boue en beaux vêtements et en souliers fins! Le désastre et la honte pour les deux mariés surtout qu'ils étaient chez l'un des hommes le plus riche du pays.
C'est un peu l'histoire du 400e de Québec durant les premiers mois de 2008. Le décès de l’ex-mairesse de Québec en août 2007, Andrée Boucher, fut la tempête qui bouleversa les préparatifs et créa une absence de leadership autour de l'événement. Elle est morte juste avant que les fêtes commencent et c'était son projet! Évidemment, elle ne pouvait pas décider de la date de sa mort mais je suis convaincu que si elle avait attendu un an avant de nous quitter, ses Fêtes du 400e auraient été une fierté mondiale du début à la fin!
Dans mon histoire de mariés, l'homme riche était un leader naturel et face au désastre il pris rapidement la décision de transporter le party dans sa maison, ce qui sauva le mariage et son honneur auprès des invités! Normalement les Fêtes du 400e auraient dû être l’événement du siècle et partout dans le monde, depuis janvier dernier, on aurait dû féliciter les Québécois pour leur sens de la fête mais c'est tout le contraire qui s'est produit jusqu'à dimanche dernier (20 juillet) alors que les Fêtes du 400e semblent avoir mis un terme à leur tempête d'échecs avec le succès entourant Paul McCartney.
En décembre 2007, j’étais avec des hauts fonctionnaires français de passage à Montréal et ils me demandèrent ce que je pensais des cérémonies de Québec qui débuteraient en janvier. Partout dans les médias québécois on faisait part des frictions dans l'organisation et je n'avais pas caché mes craintes:« La France fêtera plus le 400e que les Québécois. Nous ici, ce n’est pas une question de manque d’argent car les coffres sont remplis par les divers gouvernements mais nous avons des querelles entre les organisateurs. On va se chicaner plutôt que de travailler ensemble car tout le monde veut le rôle du leader.»
On m'avoua que l'on avait aussi ressenti ce manque de direction et on percevait comme une improvisation de la part des responsables québécois. On ne pouvait cependant pas comprendre pourquoi car le 400e était un événement tellement extraordinaire, unique et porteur pour faire une fête mémorable.
À mi-chemin dans l’année du 400e, nous pouvons dire sans se tromper qu'il y a eu quelques bons coups mais ils ont souvent été improvisés selon les opportunités du jour et non solidement planifiés comme cela aurait dû l'être pour un événement de pareille importance. Le débat contre la venue de Paul McCartney est le plus récent exemple. On ne peut aucunement critiquer la grande qualité de l'artiste bien que l'on peut débattre l'à propos de sa présence pour souligner les 400 ans de Québec. Personnellement, ce que je déplore c'est l'improvisation entourant l'organisation de ce spectacle. Il semble même que le directeur des fêtes croyait à un canular tellement le projet McCartney n'avait pas été préparé à l'avance. On aurait envoyé des courriels à des gens un peu partout et on espérait une réponse.
Les organisateurs ont été chanceux et tout s'est bien déroulé mais c'est comme d'avoir joué à la loterie.
Il y a des cas où la chance n'a pas été au rendez-vous et la mauvaise planification a été dévastatrice. C'est ce qui s'est produit avec le reportage publié dans le magazine français Paris Match. Ce magazine n’a que 40 000 lecteurs au Québec mais dans le monde c’est près de
5 millions de lecteurs francophones (830 000 exemplaires imprimés). Les organisateurs du 400e ont détesté le fait que le magazine parle plus de Montréal que de Québec dans ses textes et plutôt que de faire contre mauvaise fortune bon coeur et d'accueillir poliment le rédacteur en chef lors de sa visite, on l'a presque jeté dans le fleuve... Il faut lire l'éditorial qui en a résulté pour bien comprendre.
Dorénavant, partout dans le monde, on va appeler les Québécois des « hérissons ».
Nous qui voulions profiter du 400e pour saluer toute la francophonie mondiale, nous nous retrouvons avec le surnom de «hérisson mal accueillant et piquant ». Bien mauvaise publicité pour toute organisation ou individu qui envisage de séduire le reste du monde!
Espérons au moins que madame Boucher est heureuse au paradis… car il a mouillé sur les premiers mois de son party!
Tout n'est cependant pas perdu et il reste encore cinq mois. Il est à souhaiter que le revirement depuis le concert McCartney se poursuivra et que le "mariage"de Québec sera sauvé...
Bonne chance et surtout il faut se rappeler que l'humilité protège parfois des erreurs de parcours et des accidents du destin! À tout le moins cela aide à se faire pardonner...
-Bernard Bujold
Note : Andrée Boucher (31 janvier 1937 - 24 août 2007) a été la mairesse de l'ancienne ville de Sainte-Foy de 1985 à 2001 et la mairesse de la ville de Québec du 19 novembre 2005 jusqu'à son décès en août 2007.
(Photo du haut - Promenade Château Frontenac / Photo du bas: Andrée Boucher 2007)

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