Il y a des gens qui racontent des histoires politiques qui sont tellement intéressantes que l’on croirait écouter des histoires de pêche…
C’était le cas du journaliste et écrivain Michel Vastel (1940-2008) ! Rarement a-t-on pu apprécier au Québec un journaliste avec autant de talent pour l’écriture et un sens de la nouvelle qui a donné lieu à de nombreuses primeurs (scoop).
J’ai connu Michel Vastel à Ottawa en septembre 1984 alors que Brian Mulroney venait de remporter l’élection canadienne avec un majorité de 211 députés sur une possibilité de 282. Vastel était un défenseur de la francophonie et pour cette raison il était le meilleur ami de plusieurs journalistes québécois de la Tribune de la presse parlementaire à Ottawa, laquelle était plutôt dominée par les anglophones. Il avait aussi de nombreux contacts dans tous les ministères. Vastel était très chaleureux et il n’hésitait pas à entamer la conversation avec des inconnus et parce qu’il était un journaliste avec les moyens de dévoiler les irrégularités, on lui envoyait souvent des documents en secret afin de l’orienter sur des pistes de reportages. Personnellement j’appellais Vastel le Colombo du journalisme et il en avait l’allure physique avec son perpétuel paletot beige, sa taille, sa chevelure et sa démarche un peu courbée. Ses collègues lui rappellait souvent, de façon amicale, qu’il représentait bien les« maudits français » avec son caractère assez bouillant et son affection pour le bon vin et les belles filles…
Vastel était un journaliste qui avait un véritable talent pour l’écriture et il est étonnant qu’il ne soit pas retourné travailler en France et devenir une vedette là-bas. On peut comparer son talent à celui d’une Denise Bombardier ou d’un Luc Plamondon. Il aurait eu l’envergure pour une carrière internationale.Vastel a écrit plusieurs livres mais ils étaient tous ciblés soit le Québec ou le Canada. Il en a écrit en tout 6, des biographies politiques sauf deux exceptions, le livre de Nathalie Simard et celui sur un tueur de la mafia italienne, Le Neveu (1987).
Ce livre sur la mafia a d'ailleurs eu des répercussions dans mon travail car en 1993, un haut dirigeant politique du gouvernement de Jacques Parizeau m’avait contacté à la suggestion de Michel que j’avais revu lors d’un déjeuner à Montréal. Il avait recommandé au dirigeant de s’adresser à moi pour l’aider à trouver un emploi à Réal Simard, le tueur à gage du livre Le Neveu. Il faut mentionner que Simard avait une nouvelle identité et qu’il travaillait comme directeur de campagne électorale pour la candidate du Bloc Québécois dans Verdun. L’information avait cependant été dévoilée et on l’avait forcé à démissionner. Vastel avait pris en pitié son ancien sujet de biographie et il essayait de l’aider. Malheureusement, Pierre Péladeau avait refusé, conseillé en ce sens par un haut dirigeant de la police de Montréal. Je trouvais que l’idée d’embaucher Simard dans une usine d’imprimerie de Quebecor faisait du sensmais j’ai dû accepter la décision de mon patron. En 2007, j’ai assisté au lancement du dernier livre de Michel, celui sur Nathalie Simard et j’avais photographié Vastel qui m’avait dit par la suite aimer les photos. On peut les visionner sur le site LeStudio1.com. (voir lien au bas du texte)
Je vais manquer Michel Vastel et surtout son Blog Internet que j’avais inscrit parmi les favoris de LeStudio1.com.
Johnny Hallyday a dit un jour, mi-sérieux, mi-blagueur :« Un homme comme moi ne devrait pas mourir… » Michel Vastel aurait dû être immortel et il le restera un peu dans le souvenir de tousceux qui l’ont connu.
-Bernard Bujold
(Photos du haut - Michel Vastel /Photo du bas - Michel Vastel et l'inpecteur Columbo"Peter Falk")
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