mardi 21 juillet 2009

La confiance envers ses amis - Bernard Madoff, Vincent Lacroix et les autres...


La confiance envers les autres est une question très individuelle. Certains préfèrent être positifs et font d’emblée confiance aux gens qu’ils rencontrent, tandis que pour d’autres, tout le monde est malhonnête et la preuve d’honnêteté doit être faite par chacune des personnes qui se présentent devant eux…
Il ne faut pas être paranoïaque mais il faut admettre que les humains ne sont pas toujours très fidèles dans leurs amitiés. Cette situation existe depuis le début des temps et les pires trahisons ont toujours été l’œuvre de quelqu’un qui était très près de la victime. D’où le vieil adage qu’il faut toujours garder ses ennemis près de soi afin de pouvoir les surveiller :« Mon dieu, protégez-moi de mes amis, mes ennemis je m’en occupe… »
Les scandales financiers de Bernard Madoff, Vincent Lacroix et Earl Jones ont démontré plus que jamais qu’accorder sa sympathie aux gens est une chose, mais que de leur confier notre argent en est une autre! En ce qui concerne Conrad Black ou l’éditeur Pierre Turgeon, il s’agit de transactions commerciales entre associés et bien que la confiance y joue un rôle très important, ce n’est pas la même situationque dans le cas des Madoff et compagnie. (voir éditorial "Un éditeur chanceux")
Tout le monde recherche des façons de profiter des opportunités de la vie. Cela s’applique aussi bien aux victimes qui ont souhaité profiter de leur futur fraudeur et obtenir des gains financiers des propositions d’investissements, avant d’échouer et de devenir la victime. C’est comme le corbeau de la fable de LaFontaine qui veut profiter des compliments du renard pour combler ses besoins en admiration. Le fraudé est furieux de s’être fait volé mais, s’il avait réussi à profiter du fraudeur, il en aurait fait sa joie et le récit de ses beaux dimanches pour le reste de sa vie…
Dans le fond, s’il y avait eu un trésor, pourquoi le fraudeur l’aurait-il partagé avec quelqu’un d’autre…
J’ai moi-même été victime de ma naïveté dans l’amitié que j’accorde aux gens. Les deux anecdotes suivantes en sont la description alors que je m’étais littéralement trompé dans ma perception. Heureusement, je n’avais pas confié mon argent…
La première anecdote se déroule après la mort de Pierre Péladeau en 1998, pour qui j’avais été l’adjoint exécutif pendant 7 ans. Lorsqu’on m’a remercié de mes services au sein de Quebecor suite au décès du fondateur, j’ai dû me chercher un nouvel emploi. Le processus fut particulier car, même si Pierre Péladeau était un grand bâtisseur québécois, pour différentes raisons, j’ai découvert que nombre d’entrepreneurs le détestaient et plusieurs souhaitaient même secrètement son échec. (voir biographie Pierre Péladeau sur le site Internet LeStudio1.com)
Ma découverte se manifesta dès le début de ma recherche d’emploi alors que le premier conseil que m’avait confié la directrice d'un bureau d’experts en replacement de cadres était d’éliminer la mention de Pierre Péladeau de mon CV car autrement, je ne pourrais jamais retrouver un nouvel emploi tellement Péladeau était détesté! Son deuxième conseil: quitter la ville pour l’étranger (Vancouver ou Paris)… La consultante en réorientation de carrière prétendait que je n’avais pas la bonne perception de la situation concernant l’admiration que disait avoir les gens envers mon ancien patron. Selon elle, dans la réalité, Péladeau était très méprisé et si on l’avait louangé durant son vivant, c’est parce qu’il était craint plutôt que respecté… un peu comme Don Corleone dans Le Parrain de Mario Puzo.
J’étais évidemment en total désaccord avec ses conseils et son interprétation des faits et je suis sorti de son bureau en colère! Mais avec le recul du temps, je dois reconnaître que son analyse était fondée et que j’ai payé le gros prix par mon refus de suivre ses conseils!
Personnellement, j'aimais bien Pierre Péladeau et nous étions comme deux complices. Je voyais en lui un "mentor" et parfois même une sorte de deuxième père tellement la connivence existait entre nous deux. Dans son cas, je ne sais pas ce qu'il voyait en moi mais il m'a souvent répété que dans la vie, rien n'est sans raison. Il devait tirer son parti de ma présence...
Je lui ai souvent mentionné que plusieurs des gens qu'il recevait dans son bureau ne venaient le voir que dans le seul but d'obtenir un don financier. Il me répondait toujours qu'il le savait et qu'il jouait le jeu...
La deuxième trahison dont je veux parler est encore plus personnelle mais elle représente bien la situation que vivent de nombreuses personnes dans les relations avec leur entourage intime et rapproché.
Durant ma recherche d’emploi, j’ai contacté plusieurs de mes amis dont la directrice du marketing d’une grande salle de concerts de la rue Ste-Catherine à Montréal, une personne que je connaissais depuis 1992 et qui se disait mon amie. Cette directrice en question était sympathique à ma cause et elle me promit de tout faire pour m’aider à trouver un nouvel emploi. Elle garderait les yeux ouverts et elle surveillerait les opportunités pour m’en aviser.
Quelques mois plus tard, par pur hasard, en jasant avec une nouvelle attachée de presse de la salle de spectacles en question, j'apprends qu’elle vient d'obtenir son nouvel emploi depuis quelques jours seulement et que c'est justement la directrice du marketing (ma supposée amie) qui l’a engagée.
Cela faisait plusieurs mois que je cherchais un emploi et cette directrice m'avait régulièrement parlé durant tout ce temps et elle répétait à chaque fois vouloir vraiment m'aider.Pourquoi ne m'avait-elle pas offert le poste disponible?
Elle a confié à une autre de mes amies qu’elle ne voulait aucunement travailler avec moi en ajoutant qu’elle me considérait comme un total incompétent… Pourtant, je n’avais jamais travaillé avec elle. Comment pouvait-elle évaluer mes compétences! De plus, et c’est ce qui est l’acte de trahison, cette directrice du marketing avait continuellement répété vouloir m'aider mais, dans mon dos,e lle pensait tout le contraire!
Son action m’a beaucoup fait mal à l'époque et, dans un sens, j’ai considéré son geste comparable à quelqu'un qui se dit ton ami mais qui refuse de pousser la bouée de sauvetage qui est juste à côté d'elle sur le quai et qui te regarde simplement te débattre dans l'eau.
Il y en a beaucoup d'autres comme cette personne mais j’ai personnellementvécu ce cas et il fut pour moi la véritable révélation me démontrant le manque d’honnêteté des gens.
Bonne chance!
Photo 1. Scène de lapidation, Bernard Madoff, Vincent Lacroix,Pierre Turgeon et Conrad Black

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