mardi 9 juin 2009

Le rocher de Frank Stronach




Frank Stronach est aujourd'hui l’un des hommes les plus riches au monde mais son histoire a commencé bien humblement notamment à Montréal alors qu’il était un jeune immigrant.
Je connais Frank Stronach (76 ans) pour l'avoir rencontré alors que j'étais à Ottawa dans les années 1984 suite à l’élection de Brian Mulroney. Stronach venait d'avoir 50 ans et déjà son entreprise de pièces d’autos Magna prenait de l'importance. Le souper que nous avions eu ensemble est encore gravé dans ma mémoire. Son histoire personnelle m'avait marqué.
Il me raconta : « Je suis arrivé au Canada en 1954 sans aucune possession. J'ai d'abord fait des petits travaux de rien du tout et j'ai même ramassé des balles de golf au nord de Montréal. En fait, presque ramassé car je n'ai jamais trouvé l'emplacement du terrain de golf... J’ai quitté pour Toronto et j'ai ouvert un garage de mécanique avec un associé. Nous étions deux jeunes avec un coffre d’outil... On travaillait sans arrêt et on dormait même dans le garage pour ne pas payer de loyer. À un moment donné, je me suis dit que ce n’était pas une vie. Un dimanche après-midi, je me suis assis sur un rocher et j'ai pensé: Qu'est-ce que je veux faire de ma vie? Réparer des vieilles voitures en échange de quelques dollars ou vivre une vraie vie avec une belle maison et une famille à moi? Là, sur ce rocher, j'ai compris que si je voulais réaliser mes rêves, j'en serais capable. Pour moi tout a commencé sur ce rocher...»
Évidemment raconté par Stronach avec son accent autrichien, on accroche à son histoire. Il sait communiquer et son regard est très attachant.
L'homme a connu beaucoup de succès mais aussi de nombreux échecs, en affaires comme en politique. Ainsi, il n’a jamais pu se faire élire député alors qu’il rêvait de devenir Premier ministre (1988). Son projet de magazine de luxe VISTA (1989) n’a pas fonctionné ni l’élection de sa fille à la direction du Parti conservateur du Canada (2004). Je dirais qu’il a connu autant d’échecs que de succès mais la conclusion est que les gains sont supérieurs aux pertes. Comme il le répète : «Il faut accepter ses succès, oublier ses échecs et continuer d'avancer...»
J'ai rencontré Frank et sa fille Belinda à quelques reprises au fil des ans. J’étais un supporteur de Belinda lorsqu’elle était candidate à la chefferie du Parti conservateur, poste qu’elle a perdu aux mains de Stephen Harper.
Dans le cas de Frank, il me fait penser à Richard Branson, Paul Desmarais ouGuy Laliberté. Ce sont des leaders qui occupent la pièce dès qu'ils y entrent, tellement leur "aura" est forte. Ils sont également très chanceux car ils ont tous été aussi près de l’échec que de la réussite. Leur destin a voulu qu’ils gagnent mais ils auraient pu tout perdre. À titre d’exemple, il suffit de regarder le destin d’un autre grand personnage qui leur ressemblaient sur le plan du charisme mais qui a tout perdu: Robert Campeau d’Ottawa.
Frank Stronach a aujourd’hui quitté le Canada pour retourner vivre dans son pays d’origine l’Autriche. Il a récemment fait la chronique des médias avec sa proposition d’acheter la compagnie automobile allemande OPEL. On parle aussi de son projet de voiture électrique, un précurseur dans le domaine.
Il faudra voir la suite mais Frank a démontré que la chance existe etqu’il faut simplement convaincre le destin de nous la présenter…
Photo 1: Frank Stronach à Berlin devant des journalistes (Mai 2009)
Photo 2: Frank Stronach dans son atelier mécanique (circa 1960)
Photo 3: Belinda et son père Frank Stronach (Mai 2008)
Photo 4: Frank Stronack à Saratoga New York

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