Les Éditions de l’Homme sont des éditeurs très sérieux au Québec et partout dans le monde de la francophonie, la maison attire le respect. La fête soulignant le 50e anniversaire de fondation a démontré clairement que les auteurs québécois sont nombreux à faire confiance et à respecter cette maison d’édition.
L’un des pionniers de l’établissement fut le Sénateur Jacques Hébert (1923-2007). L’homme était un véritable passionné du livre et, s’il a signé lui-même de nombreux ouvrages en tant qu’auteur, il a aussi contribué en tant que premier éditeur à faire découvrir la littérature québécoise. Il fut le co-fondateur des Éditions de l'Homme avec l'imprimeur montréalais Edgard Lespérance en 1958. Hébert a dirigé l'entreprise jusqu'en 1961 lorsqu'il décida de créer sa propre maison, Les Éditions du Jour.
Je me souviens d’avoir rencontré Jacques Hébert en 1977 alors que je songeais à publier un livre sur le journalisme à l’Assemblée nationale. Il m’avait invité à venir le rencontrer à Montréal et j’avais été impresssionné par la gentillesse du personnage. Un type qui savait manifester beaucoup de curiosité intellectuelle envers les projets de quelqu’un. Mais malheureusement pour moi, il m’avoua s'être retiré de la direction active depuis 1974 et qu'il songeait à vendre!
Les Éditions du Jour furent achetées par la famille Lespérance en 1980.
Lors de la rencontre de 1977, Jacques Hébert m'avait aussi suggéré de réécrire mon manuscrit…
J’ai abandonné mon projet et ce n’est que 15 ans plus tard que mon chemin croisa à nouveau celui de ces deux maisons d’édition. C’était en 1991 alors que j’étais devenu l’adjoint du magnat de la presse Pierre Péladeau (1925-1997) et que ce dernier me confia qu’il rêvait d’acquérir les éditions de la famille Lespérance. Péladeau aurait bien aimé réaliser lui-même la transaction de son vivant mais le sort en a voulu autrement. Mais ce n’est pas sans avoir essayé. Souvent Pierre Péladeau envoyait des légumes fraîchement cueillis dans son jardin au fils d’Edgard Lespérance afin de le convaincre de vendre à Quebecor. J’ai moi-même livré des tomates fraîches au nom de Péladeau à Pierre Lespérance à deux reprises!
Les efforts ont été récompensés mais c’est le fils Pierre-Karl Péladeau qui a récolté, le 12 octobre 2005...
Les Éditions de l’Homme ont publié plusieurs grands auteurs et il fallait voir les invités réunis lors de la soirée du 50e au Marché Bonsecours de Montréal, le 17 septembre dernier, pour s’en rendre compte. Le journaliste et auteur Michel Vastel, qui aimait beaucoup publier ses livres chez cet éditeur, aurait apprécié la soirée anniversaire s’il n’était pas décédé quelques semaines auparavant. L'ex-Premier ministre Brian Mulroney a lui aussi publié avec fierté chez de l'Homme, notamment la version française de son autobiographie.
Plusieurs observateurs s’interrogent sur le choix de publier la traduction en français du livre contreversé de Julie Couillard qui sortira de presse le 6 octobre prochain. C’est un risque car ou bien le livre sera un succès ou il sera un échec total. Julie Couillard devra révéler des informations fracassantes car si le livre ne dévoile rien de neuf, les médias auront tôt fait de le détruire très rapidement sur la place publique et de se moquer de la belle Julie. Mais dans un sens ou l’autre, Quebecor en sortira gagnant grâce à la convergence de ses magazines, son Journal de Montréal et son réseau de télévision TVA. D’ailleurs, il n’y aura pas de conférence de presseni de lancement ce qui accordera une certaine exclusivité à l’empire Quebecor. Pierre Péladeau serait fier et il rigolerait de cette situation...
En conclusion, Les Éditions de l’Homme mérite le respect et, avec la puissance financière de Quebecor, on est en droit d’espérer un avenir très prometteur. Comme le disait Pierre Lespérance lors de la soirée du 50e anniversaire:« Nous avons trouvé un bon endroit où se loger pour les 50 prochaines années.»
À suivre et surtout à lire!
Photo du haut: Logo 50e Éditions de l'Homme, Pierre Lespérance et Pierre-Karl Péladeau; Photo du bas: Pierre Péladeau au golf.