lundi 27 avril 2009

Les crimes modernes


Les forces policières du Québec sont très fières de leur récent coup de filet autour d’une centaine de criminels appartenant à des bandes de motards comme les Hells Angels. Mais dans les faits, cette cueillette n‘est qu’un nettoyage très superficiel et malheureusement de plus graves dangers sont toujours en liberté.
On pourrait comparer les récentes arrestations à un raclage des feuilles mortes ou à une tonte de gazon. Les hors-la-loi arrêtés étaient très prévisibles car leurs activités se déroulent généralement dans un secteur précis. Il suffit d’identifier ce secteur et de l’éviter pour être plus ou moins à l’abri. Les policiers n’ont d'ailleurs pas procédé à leurs arrestations suite à une «découverte» mais plutôt grâce la préparation d'une preuve légale.
Les criminels les plus dangereux sont cependant ceux qui sont inconnus et dont les activités ne sont détectées qu’après l’événement. Les crimes non-détectés sont principalement de deux ordres: ceux économiques et le terrorisme.
Sur le plan économique, les Bernard Madoff et Vincent Lacroix sont parmi les plus dommageables car on les mets souvent sur un piedestal et il ne nous viendrait jamais à l'idée de les souçonner d'un méfait quelconque. Au niveau du terrorisme, l’événement marquant fut sans contredit le11 septembre 2001 mais il y en a eu plusieurs autres depuis, certains d'envergure internationale et d’autres plus localisés. Les fusillades comme à Dawson ou Colombine ne sont pas des actes terrorisme en tant que tel mais leur imprévisibilité rendent ces événements tout aussi dangereux pour la société que les guerres de religion ou les conflits politiques. Et que dire de crime comme l’assassinat à Rivière-Ouelle d’une jeune attachée politique par un résident fou du village? Moins significatif qu'une fusillade mais tout aussi incroyable et dramatique.
Le véritable défi des forces policières est de lutter contre tous ces crimes imprévisibles. Est-ce possible de le faire? Les fans de Jack Bauer savent que la lutte contre le terrorisme est un combat de réaction plutôt que de prévention. Comment se prévenir contre un acte dont on ne connaît absolument pas la direction. L’ancien directeur de la sécurité aérienne au Canada et ex-chef de la police de Montréal, Jacques Duchesneau, l’a avoué: les terroristes ont une longueur d’avance. Ils sont comme un virus en perpétuelle mutation devant les obstacles et on ne sait jamais dans quelle direction ils vont attaquer. Il faut toujours essayer de prévoir un coup en avant.
Un nouveau livre sur les techniques militaires vient aussi démontrer que la protection de la société est sur le point de franchir une autre frontière avec l’arrivée de la guerre à distance par la robotique et l'informatique. Comment abattre un soldat qui est un robot? La réalité a rejoint la science-fiction et il est devenu possible pour une armée (amie ou ennemie) d’être constituée de robots comme les fameux soldats blancs dans Star War… Certains avions et hélicoptères de l’armée américaine sont déjà téléguidés à distance bien en sécurité derrière les lignes ennemies.
Il n’y a qu’une seule solution contre la guerre et le crime et c’est l’instinct de survie. Le défi n’aura jamais été aussi élevé et difficile à relever! Voilà pourquoi nous devons poursuivre le combat car la victoire est loin d’être acquise. Comme dirait Jack Bauer, l'ennemi n'est pas toujours celui que l'on croit...
Bernard Bujold
Photo 1: Don Corleone ( Le Parrain 1)
Photo 2: Couverture du livre Wired for War - Jack Bauer

mardi 21 avril 2009

L'avenir des médias - The State of the News Media 2009



L’avenir des médias appartient aux citoyens!
C’est un peu comme à l’époque de Marie-Antoinette alors que les paysans avaient envahi le palais de Versailles! La famine (crise économique) avait été l’élément déclencheur de la rébellion. Au niveau des médias modernes, la crise économique est aussi au centre de la révolution.
Il y a quelques années à peine, aucun des grands médias ne prenait au sérieux l’Internet et on se croyait bien solidement installé derrière les portes du palais. LeStudio1.com en est l’exemple et lorsque le projet a été démarré en 2005, très peu de grands groupes de presse ne possédaient de site Internet sauf quelques exceptions comme Le Devoir au Québec. L’équipe de LeStudio1.com avait donc approché plusieurs dirigeants des groupes de presse pour essayer d’établir une collaboration et développer le territoire. La plupart nous ont répondu que l’Internet ne survivrait pas et qu'ils n’étaient pas intéressés à une association. Au niveau des journalistes, ce fut une réaction similaire et les dirigeants de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec furent même les premiers (et les rares) à demander d’être enlevé de la liste d’envoi du magazine Internet… On considérait l’Internet comme un jeu de société pour amateurs!
Aujourd’hui en 2009, tous les groupes de presse ainsi que les journalistes sont montés à bord du train Internet et ils ont développé des sites comparables à ce que nous proposions tandis que plusieurs journalistes "professionnels"signent des blogs ou carnets. Les empereurs et leur cour ont compris mais est-il trop tard pour eux?
La crise économique est venue modifier le plan de match des grands médias qui n’avaient pas prévu que l’économie s’écroulerait et que la gratuité de l’Internet séduirait les citoyens jusqu’à un point de non-retour. La conséquence est évidemment la fermeture de médias et le licenciement de journalistes "professionnels".
C’est en gros la conclusion du rapport annuel : The State of the News Media 2009. Du président américain Barack Obama à la chanteuse Susan Boyle, l’Internet est devenu le laisser-passer vers la gloire et le pouvoir et ce sans être tributaire des groupes de presse ou des journalistes.
Comme le chanteraient les artistes de Star Académie :« C’est pas fini, c’est rien qu’un début…»
Bernard Bujold - www.LeStudio1.com
Photo 1: Nicolas Sarkozy et Barack Obama à Strasbourg - France
(Photo Pete Souza - The White House)
Photo 2: La chanteuse Susan Boyle
Photo 3: Page d'accueil du site The State of the News Media 2009

mardi 14 avril 2009

L'art de la séduction




Barack Obama et son épouse Michelle sont actuellement plus populaires que quiconque partout dans le monde! Aucune vedette, de Brad Pitt à Bono, ni aucune autre figure publique, de Nicolas Sarkozy au Dalaï Lama, ne peuvent compétitionner avec les Obama.
Pourquoi ce phénomène? Barack Obama n’a pourtant encore rien accompli si ce n’est d’avoir remporté l’élection présidentielle américaine et même là, ce fut un résultat très divisé car n’oublions pas que ses adversaires, aussi bien Hillary Clinton que John McCain, l’ont talonné de près. Si on fait le décompte et que l’on enlève les 50% de McCain et les 50 % d’Hillary, il reste à Obama 25 % de la cote populaire aux États-Unis. Dans les faits, c’est d’ailleurs ce qui se produit car si le président américain est considéré une star partout dans le monde, il l’est moins dans son propre pays où on constate que de plus en plus d’Américains commencent à critiquer leur chef.
Il demeure cependant que partout ailleurs sur la planète, Barack Obama est considéré comme un dieu. Il fallait voir le sommet du G-20 pour observer que tous les autres chefs d’état étaient séduits par la popularité du premier président noir américain. Et c'était avant l'arrivée du chien BO...
Le charisme ne s’explique jamais, il se constate et Barack Obama en est la preuve. On peut comparer la situation d'Obama avec celle de Brian Mulroney et Mila en 1984. Le couple était, à l’échelle canadienne, comme des rock stars. Partout où allaient Brian et Mila, les gens se rassemblaient et ils voulaient saluer la belle Mila et le dynamique Brian. Le résultat de l’élection l’avait d’ailleurs confirmé et le Parti conservateur avait remporté 212 circonscriptions sur les 282 sièges, un balayage presque complet de tout le pays. Je me souviens de l’ambiance quirégnait à Ottawa alors que j’étais un des adjoints aux communications pour Brian. Les gens de partout au pays nous admiraient et nous considéraient chanceux d’être avec un « winner » de la trempe de Mulroney. Il était le Barack Obama de l'époque!
Pour comprendre le pouvoir du charisme et son effet sur les gens on peut aussi regarder la situation au sein de l’Église catholique. Le pape Jean Paul II était adulé et on l’avait même surnommé « JP2 ». Son successeur actuel, Benoit XVI est tout le contraire et ses frictions avec l’opinion publique ne font que s’accumuler. L’histoire des condoms en Afrique, l’excommunication au Brésil et maintenant l’événement de L’Aquila alors que certains critiquent sa décision de ne pas s’être rendu sur les lieux de la tragédie durant le congé pascal. Le pape a probablement de très bonne raisons pour toutes ses décisions mais ce qu’il faut retenir c’est que le monde actuel est mené par le charisme et il a besoin d’être inspiré par des leaders qui démontrent une sorte de dégaine gagnante mais surtout que l'on aime et qui nous séduit. La ligne de démarcation est parfois très mince, voire invisible.
Le pilote de New-York (Chesley « Sully » Sullenberger), le capitaine retenu en otage sur l’Océan Indien (Richard Phillips), Ingrid Betancourt en Colombie, etc. Autant de personnages qui possèdent du charisme et, bien souvent malgré eux.
La conclusion : On ne choisi pas d’être un leader. C’est le destin, les événements et l'amour... qui nous choisissent!
Félicitations aux heureux choisis et bonne chance aux aspirants...
Bernard Bujold
Photo 1: Barack Obama, Elizabeth II et Michelle Obama;
Photo 2: Brian Mulroney et le livre Blue Thinder;
Photo 3: Pape Benoit XVI et Fontaine de l'Aquila;
Photo 4: Le chien BO et Barack Obama

lundi 6 avril 2009

Le contrôle des armes à feu


Le débat sur les armes à feu et la violence se concentre sur le désir du Premier ministre Stephen Harper d’abolir le registre des armes à feu. Le véritable débat ne devrait pas être là mais sur la recherche de moyens d’empêcher la violence qui est actuellement présente partout dans le monde.
Je me souviens de mon adolescence en Gaspésie durant les années 1970 alors que les armes à feu étaient un simple outil que l’on pouvait acheter chez le quincailler ou dans les magasins comme Canadian Tire. Chaque famille avait un ou plusieurs fusils de chasse dans leur maison et on ne se tirait pas dessus pour autant. En fait, les armes à feu étaient comme un dissuasif de la violence. Les quelques voyous du village n’allaient pas voler dans les maisons de propriétaires d’armes car ils savaient qu’ils seraient accueillis par une volée de plomb. De plus, il y avait comme une sorte de code moral. Un voyou n’aurait pas pu acheter une arme du quincailler qui l’aurait dénoncé aux autorités municipales. Il y avait, bien sûr,quelques incidents occasionnels mais dans l’ensemble les gens respectaient les armes à feu pour ce qu’elles étaient.
Tranquillement les choses ont cependant commencé à changer et la société est devenue plus violente. C’est un peu comme si les valeurs morales avaient cessé d’exister. Quelle en est la cause? L’immigration et les différentes cultures, l’urbanisation, la globalisation et l’accès aux armes de contrebande, les drogues dures, la violence au cinéma et à la télévision ? Probablement toutes ces causes.
Autrefois on respectait les policiers et aujourd’hui, généralement, on les déteste. Pourquoi? Probablement parce que les policiers eux-mêmes ont cessé de se considérer comme les gardiens de la paix mais plutôt comme des détenteurs du pouvoir avec la puissance de leur arsenal. Autrefois, les policiers n’utilisaient que rarement leurs armes. Ils imposaient leur pouvoir avec la négociation et leur habilité à convaincre. Cela fonctionnait. En tout cas mieux qu’aujourd’hui…
Un journaliste du quotidien montréalais The Gazette a essayé l’appareil simulateur de la Police de Montréal. On y simule électroniquement des attaques à main armée où vous jouez le rôle du policier qui doit réagir. Il est intéressant de constater le résultat. C’est une situation perdante sur toute la ligne car aucun des deux côtés ne survie… (Voir le lien vidéo plus bas)
Le registre des armes à feu est un échec mais cela ne veut pas dire qu’il faut cesser d’encadrer le droit d’avoir des armes à feu. La société est devenue trop vicieuse, trop anonyme et trop individualiste. Plus personne ne respecte personne...
Le retour à la paix tient peut-être vers un retour à la parole. Comme le déclarait Ingrid Betancourt, le plus grand pouvoir est celui des mots. Elle en est elle-même la preuve car elle a pu survivre à un long séjour dans la jungle colombienne grâce à son pouvoir de convaincre ses geôliers qui étaient pourtant armés jusqu’aux dents.
Il faut trouver un moyen de ramener le respect envers l’autorité et la paix. Et comme on le sait: « le respect ne s’impose pas, il se mérite… » Actuellement, peu de personne au sein de notre société ne mérite notre admiration et notre respect. Des politiciens profiteurs, des banquiers malhonnêtes, des policiers provocateurs, des parents qui se suicident avec leurs enfants et finalement des bandits sans scrupules. C’est probablement là toute la source du problème. Notre société a perdu toutes ses valeurs morales!
En conclusion, s’il faut retenir un élément des tragédies comme celle de Rivière-Ouelle, du Collège Dawson ou de Binghamton New York c’est que, dans chaque cas, les enquêtes démontrent que tous les auteurs de ces actes de violence ont été des victimes de la moquerie, de l’isolement et du rejet de la part de leur voisinage avant de devenir violent. Autrement dit, nous sommes tous un peu responsable de ce qui arrive à notre société. Bang ! Bang ! Bang !
Bernard Bujold
Photo 1: Stephen Harper au Stampede de Calgary
Photo 2: Bernard Bujold en Gaspésie (1974)

mercredi 1 avril 2009

Le rêve de Radio-Canada





La Société Radio-Canada fait un peu partie du quotidien des Canadiens depuis les débuts de la radio au pays. D'ailleurs la SRC est le plus ancien service de diffusion du Canada et elle a été créée le 2 novembre 1936.
Personnellement, je suis un utilisateur de ce réseau depuis mon adolescence en Gaspésie (1960) alors que la télévision locale CHAU-TV était affiliée avec Radio-Canada. La compétition n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui car à l’époque plusieurs stations de télévision en région étaient affiliée avec les deux principaux réseaux au Québec soit Radio-Canada et Télé-Métropole. C’était la même situation avec de nombreuses petites stations privées de radio.
Plus tard, lorsque je suis devenu correspondant parlementaire à l’Assemblée nationale du Québec en 1977, tous les journalistes de la Tribune Parlementaire enviaient grandement leurs collègues de Radio-Canada. Les plus belles machines, les plus beaux bureaux et les plus beaux cars (camions) de reportage. Sans oublier les meilleurs salaires...
La situation a cependant commencé à changer dans les années 1980 alors que le gouvernement fédéral s’est mis à préconiser une forme de rentabilité pour ses entreprises. Plusieurs sociétés d’état comme Postes Canada ont alors adoptés les modes de gestion du secteur privé et ce fut également le cas de Radio-Canada. On peut cependant dire, dans le cas de Radio-Canada, que cette société a cessé d’être la meilleure à partir du moment où elle a confié au secteur privé la production de plusieurs de ses émissions dont les téléromans. Cette stratégie permettait de réduire les investissements en équipement mais elle diminuait aussi l’identité du diffuseur.
Les actuelles compressions budgétaires (171 millions$ sur un budget total de 1,73 milliards$ dont 1,115 milliard$ provenaient de crédits gouvernementaux en 2008 réduit à 1,052 milliards$ en 2009) ne sont pas causées par Stephen Harper. Il a simplement refusé d’avancer des argents pour combler un manque à gagner d’ici les prochains crédits budgétaires. Mais il est évident que le Premier ministre n’est pas un fan de Radio-Canada.
Il n’est toutefois pas le seul car depuis Pierre E. Trudeau, ensuite Brian Mulroney et en passant par Jean Chrétien on a toujours voulu rogner les ailes du diffuseur public. Surtout que la réputation de Radio-Canada à Montréal a toujours été associée à une certaine sympathie envers le mouvement indépendantiste…
Harper pousse donc dans une porte grande ouverte et il ne fait que poursuivre le mouvement de liquidation de Radio-Canada commencé par d'autres. Il est cependant évident que le gouvernement fédéral actuel donne toutes les indications d’une intention de vider la maison de ses derniers meubles et de vendre la propriété. Pourquoi conserver une maison qui lui pèse à entrenir et qu’il n’utilise plus?
Selon-moi, il n’y a qu’un autre petite poussée à donner avant que Radio-Canada ne soit plus qu’un souvenir de sa belle époque. L'avenir se décidera d'ici les 5 prochaines années et l'Internet viendra influencer la donne de même que le climat de crise économique mondiale.
Sur le plan technologique, c'est le "cloud computing" avec son coût peu élevé d'utilisation qui est le nouvel inconnu des communications et cette outil influencera grandement l'avenir des diffuseurs, autant Radio-Canada que tous les autres incluant Videotron.
Quelqu’un aimerait-il se procurer quelques caméras à rabais… À suivre!
Bernard Bujold
Photo 1: Édifice Radio-Canada Montréal 2009
Photo 2: Logos de Radio-Canada depuis sa création:
1. 1940-58 / 2. 1958-66 / 3. 1966-74 / 4. 1974-86 / 5. 1986-92 / 6. 1992 à aujourd'hui
Photo 3: Bernard Bujold animateur à CHAU-TV en 1976