lundi 7 septembre 2009

L'avenir des journaux à Montréal



Les journaux papier sont en crise économique partout dans le monde et la plupart sont aux prises avec des transformations qui remettent en question leur existence fondamentale. Aucun journal n’est à l’abri du choc Internet et si la faute est en partie celle des éditeurs qui se sont ouverts à la gratuité de l’information, laissant entrer le loup dans la bergerie, il leur faut aujourd’hui composer avec la situation.
Les historiens considèrent cependant que l’évolution des médias, depuis le début des années 1900, fut un perpétuel transfert de l’expertise d’une plate-forme à une autre. Ainsi les journaux papiers ont accueilli la radio qu’ils ont financée pour augmenter leur rayonnement auprès de la communauté. Plus tard, les propriétaires de stations radio ont financé la télévision et ils ont créé les premiers réseaux. S’il y a un élément à retenir, c’est que ceux qui ont financé l’évolution des médias jusqu'à aujourd'hui furent toujours ceux dont la mission d’entreprise était l’exploitation de l’industrie des communications. Dans un sens, l'Internet est le produit dérivé des journaux papier, de la radio et de la télévision. Son exploitation doit donc être financé par les grands médias.
Les Montréalais sont actuellement à même de constater les bouleversements dont sont victimes deux de leurs principaux journaux.
Dans un cas, celui du Journal de Montréal, son propriétaire Quebecor est un spécialiste des communications et il domine le marché de transport Internet avec sa filiale Vidéotron. Le Journal de Montréal fut à la base de la création de l’empire et si celui-ci a agi comme catalyseur, il n’est plus la raison d’être de l’entreprise. Il en va souvent ainsi des grandes créations. Le Journal de Montréal a servi de tremplin à l’œuvre de Pierre Péladeau mais l’enfant a quitté le nid... La direction de Quebecor doit présentement gérer un conflit de travail (lock out) et selon-moi, il est évident que la solution finale sera une fusion des activités du Journal de Montréal avec une autre filiale compatible afin d’augmenter la convergence et surtout diminuer les coûts d’exploitation.
L’autre grand journal des Montréalais, La Presse, vit également des moments difficiles mais sa situation est différente. L’entreprise est un petit empire en soi et le quotidien est aussi présent et significatif dans la vie urbaine de Montréal que le sont les New-York Times, The Globe and Mail, ou Le Monde dans leur ville respective. Est-ce que cela en assure l'immortalité? Toute chose à une fin mais je ne crois pas que La Presse cessera ses activités.
Je suis cependant convaincu que son propriétaire, le groupe Power Corporation, veut la vendre pour se concentrer dans des entreprises rejoignant mieux samission d’entreprise qui est la finance.Pour bien comprendre la pensée de Paul Desmarais Sr, et par conséquent celle dePower Corporation, il faut lire l’entrevue qu’il a accordée au magazine Le Point en juin 2008. Tout est là, écrit noir sur blanc. Power Corporation ne veut pas être dans l’exploitation d'entreprises mais dans la gestion de la haute finance.(Voir lien avec l’entrevue de Paul Desmarais Sr. plus bas)
Pour vendre une entreprise, il vaut cependant mieux être rentable et l'actuel exercice de rationalisation par la direction de La Presse s'inscrit tout à fait dans les procédures normales avant une vente...
La question qui demeure; qui achètera La Presse (Gesca)?
Trois possibilités :
1. Le groupe Transcontinental qui est l’actuel imprimeur de La Presse et qui exploiteaussi plusieurs magazines grand public. La convergence serait excellente.
2. Le groupe Rogers Communications qui possède plusieurs magazines au Québec en plus d’être présent sur Internet.
3. Finalement il y a aussi Quebecor… Pierre Péladeau avait acheté le réseau télé TQS. Après son décès, son fils Pierre-Karl a fait un coup d’éclat en vendant le petit réseau pour acquérir Videotron qui possédait le réseau TVA, le leader au Québec. Il ne serait pas surprenant qu’il répète l’exploit et que par une stratégie quelconque il fasse l’acquisition de La Presse pour se débarasser à rabais du Journal de Montréal. Les employés en lock out devraient d'ailleur offrir de l’acheter pour en faire ensuite une coopérative, financée par les grandes centrales syndicales, et fusionner l'acquisition avec leur création, le site Rue Frontenac.
En conclusion, l’avenir des journaux est à un point tournant et rien ne sera jamais plus pareil. Comme l’a dit le poète : « Tout change et rien ne dure… »
Bernard Bujold
Photo 1: Mademoiselle X LeStudio1.com devant l'édifice La Presse;
Photo 2: Paul Desmarais Sr. et ses deux fils, Paul Jr. et André;
Photo 3: Bernard Bujold avec Le Journal de Montréal à Paris (1991)

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