Les difficultés du Chicago Tribune démontrent encore une fois que les grands médias sont très fragiles et que la crise économique vient s'ajouter à la menace Internet. The Chicago Tribune est un joyau américain mais son avenir est loin d'être assuré. Pas plus d'ailleurs que l'avenir d'aucun grand groupe média, que ce soit ailleurs dans le monde ou à Montréal.
Sam Zell (69 ans) avait acheté le groupe The Tribune en avril 2007 pour la somme de 8,2 milliards$ et il en avait pris possession en décembre 2007. Mais il ne connaissait pas les journaux...
La passion des journaux est comme la passion au hockey.
Dans les deux cas, l’éditeur veut gagner et être meilleur que son compétiteur. C’est pour cette raison que les meilleurs journaux sont ceux qui sont menés par un propriétaire passionné qui aime et connaît les journaux.
Les Conrad Black et Pierre Péladeau étaient des amoureux de la presse. (Malheureusement, le premier est en prison et l’autre est décédé)
Rupert Murdoch demeure le grand passionné des journaux encore actif en Amérique du nord.
Le propriétaire du Chicago Tribune, Sam Zell, a fait sa fortune dans l’immobilier. Pour lui, d’avoir acheter The Chicago Tribune était une sorte de continuité de sa carrière en finance. Mais un média est totalement différent d’un édifice à bureau. D’abord, il faut savoir communiquer et comprendre par instinct ce qui anime la population. Puis, il faut convaincre ses journalistes d’écrire avec ardeur pour la publication.
J’ai côtoyé deux magnats de la presse dont un plus étroitement.
Dans le cas de Pierre Péladeau, il n’a jamais dérogé de sa spécialité qui était les journaux et leur production. Le Journal de Montréal fut son bébé et il l’a aimé jusqu’à son dernier souffle de vie, envoyant des commentaires à chaque matin aux différents éditeurs. Pierre Péladeau a souvent été invité à investir dans d’autres domaines dans lesquels il connaissait rien mais il a toujours refusé de le faire.
Dans le cas de Conrad Black, j’ai pu le voir à l’œuvre et s'il y a une tristesse dans son histoire personnelle, c’est qu’il n’ait pas concentré ses efforts dans les journaux. Il était, selon-moi, le plus grand éditeur de la planète. Conrad Black est un intellectuel qui aime et sait écrire. Il avait lancé son empire à partir de Sherbrooke avec The Record et à un moment donné il était dans la ligue des Murdoch. Malheureusement, il a voulu être ce qu’il n’était pas, un financier et il se retrouve dans une prison près de la Floride.
Sam Zell ne connaît rien des journaux et son aventure n'aura même pas duré 1 an...
Quelqu’un d’autre devra reprendre l'empire qu'est The Chicago Tribune. Sauf qu’un empire endetté à plus de 13 milliards$ US n’est pas à portée de mains de plusieurs.
Je vous invite à lire l’ouvrage "Ego and Ink" une biographie écrite en 2005 à propos du National Post. Le récit est passionnant et pleinement d'actualité. Ce livre nous fait comprendre que l’élément le plus important pour réussir dans les journaux, même aujourd’hui à quelques jours de 2009, c’est la passion.
La semaine prochaine, j’écrirai au sujet d’une nouvelle biographie que je viens de recevoir: celle de Rupert Murdoch. À suivre…
Bernard Bujold - www.LeStudio1.com
Photos du haut: The Chicago Tribune et Sam Zell
Photos du haut: The Chicago Tribune et Sam Zell
Photo du bas: Couverture de la biographie du National Postet Conrad Black devant sa prison en Floride.
Lien The Chicago Tribune Lien biographie The National Post
Lien Pierre Péladeau
Lien The Chicago Tribune Lien biographie The National Post
Lien Pierre Péladeau
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